C'était à Paris en Novembre 2009, au Stade de France, plus exactement dans la surface de réparation de l'équipe irlandaise, que Thierry Henry a perdu sa bonne réputation et suscité des discussions gigantesques. Pour achever tout cela, il a suffi d’un petit mouvement du bras gauche et une seule phrase dans une interview. Ou nous a-t-il seulement rendu un service ?
Pendant la 103ème minute du match, qui décidait de qui, la France ou l'Irlande, prendrait part à la coupe du monde de 2010, ce joueur, un membre du club exclusif des joueurs qui ont gagné presque tout ce que l'on peut gagner sur un terrain de football, a joué la main afin de pouvoir faire la passe décisive à William Gallas. Gallas a fait une tête et les Irlandais, qui avaient joué passionnément et mieux que le favori évident, étaient éliminés.
Henry a touché le ballon de la main deux fois dans ce contexte. La première fois, c'était involontaire; mais la seconde fois il l'a vraiment guidé vers le but afin de le contrôler. Cela était de la tromperie et rien d'autre, mais ce n'était que l'une des actions douteuses pour lesquelles le capitaine des Bleus se tenait prêt ce soir-là.
La deuxième déception était qu'après le but, Henry n'est pas allé voir l’arbitre pour l'informer de sa faute – au lieu de cela, il a couru vers les fans pour célébrer sa prestation. Mais la faute la plus importante est arrivée après le match quand, naturellement, tout un chacun voulait savoir ce que lui-même pensait de l’incident de la 103ème minute. Et la réponse de Thierry Henry était qu'il « n'est pas l'arbitre » et que de ce fait tout cela n'était pas de sa faute. Quelle excuse ! Certainement une excuse porteuse d’un message très douteux, n'est-ce pas ? Il semble que cette évaluation de la scène veut dire que je peux violer les règles et faire du mal aux autres si personne ne le remarque. Ça me rend innocent parce que les coupables sont seulement ceux qui sont coincés ? Je n'ai aucune responsabilité quant à mes actions, elle revient à ceux qui doivent faire le guet. En fait, on serait au mieux naïf, si on observait les règles bien que l'on puisse simplement les ignorer.
Naturellement, il y a des centaines des situations litigieuses dans chaque match, mais c'est rarement aussi évident et aussi important. Et rarement un joueur du calibre de Thierry Henry est au centre de la dispute.
Cependant, le cas n'est pas si facile à évaluer. Il y a deux problèmes que l'on doit considérer. Premièrement, le fait que lui, le coupable, joue pour la Grande Nation contre un petit pays ayant une histoire de perpétuelle oppression et qu'il n’aurait probablement pas recueilli autant de critiques s'il avait été un marginal irlandais.
Mais le second problème est encore plus important: peut être que, ou plutôt, il est probable que Henry nous a simplement démontré sur le grand théâtre ce qui est normal, ce qui se passe mille fois par jour dans tous les domaines de la vie. Et toute la colère que l'on sent n'est autre que la douleur de l'ouverture des yeux.
